Toi qui "même hais" tant...

Je m'adresse à toi. Toi qui "même hais" tant. Toi que j'ai réussi à quitter il y a bientôt 4 ans. Je le fais car à quelques reprises lors d'entrevue on m'a demandé : "Céline, s'il était là, devant toi aujourd'hui, que lui dirais-tu?" Je le fais aussi parce que j'ai réussi à me libérer presqu'entièrement de toi. Alors voici:

Avec le recul et le temps qui passe je te dis: MERCI.

Tu m'as fais vivre l'enfer et la peur, c'est vrai. Tu m'as isolé de tous ceux que j'aimais, même de mes enfants, c'est vrai. Tu t'es servi de moi afin de te gratifier, c'est vrai. Tu en es venu jusqu'à la violence physique et à la menace de mort, c'est vrai. J'ai tellement, TELLEMENT eu mal avec toi. Mais...MERCI.

Grâce à toi j'ai découvert et pris conscience de ma force intérieur et de mon COURAGE. Mon degré de tolérance à recevoir toutes tes insultes et injures s'est renforcé. Ma patience...oh ma grande patience, une alliée de taille devant le mur que tu étais quand je voulais te parler ou me défendre. MERCI.

En maison d'hébergement où toute seule j'ai cheminé et appris, j'ai commencé les "rénovations" de ma vie car oui tu m'as détruite, mais pas entièrement. Ma fondation, ce que je suis réellement à l'intérieur et que tu n'as pas pu atteindre, s'est graduellement relevée et cela dans une beauté et une sérénité que je ne me connaissais pas. MERCI.

Toi, dans toute ta prestance, je sais aujourd'hui à quel point tu es petit. Ça été dur, très dur. Ça l'est encore par moment. Me départir de ton emprise qui peu à peu s'était accrochée à moi est ce qui a été le plus difficile. J'ai encore  parfois le réflexe de me demander ce que tu penserais de ceci ou cela et ce que tu ferais si telle ou telle chose arriverait. Ne te gonfles pas la poitrine car ce n'est que de minuscules réflexes (mini-fraction de seconde), tout comme l'image que j'ai de toi aujourd'hui: minuscule. MERCI.

Je veux que tu saches que j'ai changé et que je vais continuer à changer. Toi qui "même hais" tant, tu t'effaces de mon être. Mon coeur t'a déjà fermé sa porte depuis longtemps et j'ai cadenassé sa serrure. MERCI.

Tu sais, j'ai compris que la façon dont tu m'aimais réflétait ta haine de ne pas l'avoir été. Ta douleur, si profonde était-elle, m'a anéanti. Tu ne t'acharnais pas sur ton sors, tu t'acharnais sur le mien. Tu voulais te débarraser de ta souffrance et j'étais la personne idéale pour le relais. Est-ce que je t'excuse et pardonne? Est-ce que je t'en veux? Devine? Je te laisse te répondre car j'ai tellement autre chose à faire maintenant que de m'attarder à ce détail. Oui détail. MERCI

La marionnette que j'étais sous ton emprise a coupé les ficelles et est redevenue humaine et LIBRE!!! Je vais TOUJOURS me souvenir de cet épisode de ma vie. Je vais toujours me souvenir de toi. Je vais toujours me souvenir de ce que tu m'as appris. Si je recroise tes six pieds deux pouces, ta prestance et ton assurance, ta solidité et ton roc, je ne baisserais plus les yeux et je ne changerais pas de trottoir, car je sais maintenant que dans le fond, la grande personne c'est MOI. Je vais marcher droit devant et tu te tasseras!

Toi qui "même hais" tant, MA VIE est si belle maintenant. Je te souhaite une vie sans haine car tout n'est pas malheur. Oh et....j'ai un nouvel ami maintenant, il s'appelle BONHEUR!!

Céline